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Entrepreunariat | 11 Nov. 2022

Femmes, migration et climat : zoom sur l’association IMECE, gagnante du concours “Genre et Climat” à Glasgow

Parmi les projets accompagnés par l’incubateur de SINGA à Nantes, l’association IMECE France (fondée en 2019 par Lucie Gamond Rius) a gagné le concours « Genre et Climat » dans le cadre de la COP 26 à Glasgow en 2021. Un an plus tard, rencontre avec Lucie et zoom sur les solutions portées par l’association…

IMECE est une organisation à but non lucratif basée à Izmir en Turquie, à la frontière de l’île grecque de Chios. Elle soutient les personnes déplacées en Turquie dans l’accès à l’école pour les enfants, une formation aux métiers de l’ingénierie solaire dédiée aux femmes migrantes, et l’accès à l’électricité sur les routes de l’exil.

L’association IMECE France a été créée en novembre 2019 par Lucie Gamond Rius. Elle a pour objectif de soutenir IMECE en Turquie et de mener des activités en France incarnant les principes IMECE de solidarité et de conscience sociale et environnementale. Elle est basée à Lorient, Bretagne.

Comment et pourquoi le projet IMECE a vu le jour ?

Tout a commencé en 2012 par l’ouverture d’un café solidaire anarchiste à Çeşme en Turquie, une petite station balnéaire face à l’île grecque de Chios. Ce café est devenu une plateforme de solidarité locale. En 2015 lorsque des milliers de personnes se sont retrouvées bloquées sur nos côtes, nous avons décidé d’agir.

Des années de distributions pour couvrir les besoins essentiels des personnes réfugiées, puis en 2017 la création du programme “Retour à l’école” et en 2018 le programme “Solar Age”, qui vise à s’attaquer à deux des plus grands problèmes du monde : la crise environnementale mondiale et l’autonomisation et l’indépendance financière des femmes vulnérables.

En parallèle, depuis 2017 nous construisons un tiers-lieu solidaire où vivent les membres du collectifs et bénévoles internationaux et qui sert de plateforme à nos activités. Suspendu en 2022, reprise en 2023 sur un nouveau terrain !

Pouvez-vous nous en dire plus sur l’innovation créée par IMECE et qui a gagné le concours « Genre et Climat » dans le cadre de la COP 26 à Glasgow ?

Face aux innombrables noyades en Mer Egée, nous avons compris qu’avoir accès à un téléphone chargé n’est pas un luxe, mais est essentiel à la survie sur la route de l’exil. Lors d’une traversée en mer qui dégénère, un téléphone chargé permet d’appeler les secours et peut faire la différence entre la vie et la mort. Nous avons compris cela en 2015 alors que des milliers de personnes traversaient la mer pour atteindre l’île grecque de Chios.

En parallèle nous avons été témoins de la vulnérabilité particulière des femmes migrantes. Du fait de leur genre, et souvent isolées avec des enfants à charge, leur intégration économique est un vrai défi. Leurs enfants sont également impactés par cette situation et ont souvent beaucoup de difficultés à accéder à l’école.

On a donc cherché une solution 3-en-1 qui est le projet “Solar Age” : une formation en ingénierie solaire dédiée aux femmes réfugiées en Turquie. En parallèle, leurs enfants suivent un programme de rattrapage scolaire. À la fin de leur formation, les ” Solar Ladies” sont capables d’installer des panneaux solaires, calculer leurs capacités, faire de la soudure… Elles savent également construire des batteries solaires EFE.

En 2022 :

  • 49 femmes ont été formées, toutes venant d’Afrique centrale (essentiellement RDC, Angola, Ouganda et Cameroun).
  • 25 enfants des mêmes pays ont suivi le programme “retour à l’école”, chaque semaine. 30 enfants syriens de la minorité Dom suivent également le programme toutes les semaines.

Qu’est-ce que c’est, des batteries solaires EFE ?

Les batteries EFE (pour “Energy For Everyone” et “Robin des Bois” en turc) sont spécialement pensées pour des personnes sur la route de l’exil : elles tiennent dans une poche, peuvent se recharger sur prise électrique ou grâce à l’énergie solaire, contiennent une lumière et des câbles de chargement pour tous types de téléphones.

Les premiers prototypes de batteries solaires EFE ont été distribués dans des camps de réfugiés en Turquie en 2019. En 2022 nous avons distribué 320 batteries (gratuitement bien entendu) sur la route de l’exil en Turquie, Ukraine et Bosnie. Cet automne 2022 nous réalisons une étude d’impact aux frontières des Balkans qui nous permettra d’affiner les besoins des personnes déplacées en termes d’énergie aux frontières montagneuses…

Pouvez-vous nous expliquer comment vous transformez les compétences acquises en revenu ?

Les énergies renouvelables et l’ingénierie solaire sont des compétences utiles et pratiques, aussi bien pour la vie quotidienne que pour le monde du travail.

Les “Solar Ladies” apprennent en effet à construire les batteries solaires EFE et repartent avec. On les met aussi en contact avec des entreprises électriques à Izmir. En 2022, 30 femmes ont ainsi accédé à des revenus de cette manière. Et on ne prend aucune commission évidemment !

Le programme “Solar Age” apporte également aux femmes participantes un vrai sentiment de confiance en soi, et d’autonomisation.

Quel lien faites-vous entre migration et climat ?

Face au changement climatique les ressources se raréfient, les conflits s’intensifient et toujours plus de personnes doivent quitter leurs foyers…

Quel est le rôle des associations selon-vous, dans la lutte contre le réchauffement climatique ?

Face aux politiques environnementales toujours décevantes, les associations sont un incroyable moyen d’expression et de rassemblement d’initiatives.

Avez-vous des objectifs particuliers pour l’année à venir ?

Nous avons plusieurs projets en cours. Cet hiver, nous aménageons un bus pour le transformer en école mobile pour les enfants des camps de Torbali. Nous travaillons aussi à la création du “Solar Bus” : un autobus aménagé en atelier de formation aux énergies solaires. Cela permettra de rendre accessible la formation “Solar Age” aux femmes qui vivent dans les camps plus isolés, qui ont souvent le plus besoin d’autonomie énergétique !

Et parce que nous avons à cœur de garder un maximum d’indépendance, nous développons actuellement une entreprise sociale. Cette structure facilitera la distribution des batteries solaires EFE en dehors de la Turquie. Elle rendra possible également la commercialisation de produits construits au sein de l’association IMECE, ce qui permettra à la fois l’indépendance financière d’IMECE mais aussi celle des femmes réfugiées avec qui nous travaillons.

Qu’est-ce qu’on peut vous souhaitez pour la suite ?

Oui ! Nous lancerons bientôt la commercialisation des batteries solaires EFE en France par le biais d’un crowdfunding. Cette première étape vers l’autonomie financière d’IMECE nous permettra d’assurer à la fois la formation de plus de femmes réfugiées en Turquie et de rattrapage scolaire pour leurs enfants, et la distribution de batteries EFE sur la route de l’exil !

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Maëlle Mezaber
Communication France

SINGA Nantes
Nantes

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